Mardi 1 er juillet 2025 - Yann Amice météorologiste Bulletin climatique expert – Tendance juillet 2025 Prévision mensuelle consolidée Analyse du diagramme Hovmöller (30-06-2025) Blocage confirmé jusqu’au 1 er juillet inclus entre 0 et 20° Est L’absence de spread (trame grise) indique une forte cohérence entre les membres de l’ensemble, traduisant une circulation d’altitude bien prévisible à l’échelle synoptique. • Les anomalies de géopotentiel à 500 hPa apparaissent quasi-stationnaires, avec très peu de déplacement longitudinal. Cette stabilité reflète l'absence de signal net associé à des ondes de Rossby mobiles ou transitoires, notamment en raison du manque d’inclinaison ou d’évolution temporelle marquée des structures. • Ce comportement est caractéristique d’une circulation amplifiée et bloquante, typique des vagues de chaleur persistantes sur l’Europe de l’Ouest, où les ondes de Rossby piégées entre les jets deviennent peu mobiles mais fortement amplifiées. • À partir du 5–6 juillet, le signal d’anomalie chaude (dorsale) se décale progressivement vers l’est, atteignant le secteur 30°E, traduisant une lente propagation de la crête. • Entre le 9 et le 13 juillet, des anomalies négatives apparaissent sur l’Atlantique (30–60°W), suggérant la mise en place d’un thalweg atlantique. • Simultanément, un retour d’anomalies positives est visible entre le 10 et le 12 juillet vers 10°W, témoignant d’une possible réactivation d’une dorsale atlantique. • Ce schéma global évoque un flux d’altitude de sud-ouest, en lien avec l’ondulation du jet. • Enfin, à partir du 11–15 juillet, la configuration montre les signes d’une reconstruction d’un blocage d’origine atlantique, avec une dorsale qui pourrait de nouveau s’étendre vers l’Europe de l’Ouest. Analyse des schémas représentant la distribution probabiliste de l’ensemble des prévisions du modèle européen dans l’atlantique nord L’enchaînement NAO+ → BL+, favorable à la persistance ou au retour d’une vague de chaleur sur l’Europe de l’Ouest mi-juillet. Il se dessine une convergence des scénarios d’ensemble vers ce régime bloquant. Période 7–13 juillet Une dorsale subtropicale renforcée sur le sud de l’Europe, un creux dynamique sur l’Islande, avec flux d’ouest zonal actif sur l’Atlantique nord. Période 14–20 juillet Glissement progressif vers le quart nord-est (zone BL+/NAO+), traduisant une évolution vers un régime mixte NAO+/blocage (BL+). Le cœur du signal s’éloigne de la diagonale EOF1 = EOF2 = 0, avec une extension vers la structure de blocage. Cette configuration reflète : Le renforcement d’un systéme anticyclonique entre la zone Atlantique et l’Europe occidentale, Une tendance à la déflexion du jet vers le nord, propice à des crêtes durables et à une chaleur persistante sur l’Europe. En conclusion sur cette dernière illustration: la dernière semaine de juillet semble évoluer vers une configuration pleinement bloquante (BL+), propice à des extrêmes thermiques persistants sur l’Europe occidentale. Analyse de la Madden-Julian Oscillation (MJO) selon la prévision mensuelle ECMWF (approche des couplages tropicaux) Évaluation des potentiels de couplages tropicaux à l’échelle sub-saisonnière. • Phase actuelle et prévue : l’ensemble est situé majoritairement en phase 4–5 (Maritime Continent), avec un déplacement lent vers phase 6. • Amplitude globalement faible à modérée : la majorité des points membres reste à l’intérieur ou proche du cercle unité (rayon = 1), ce qui traduit une activité MJO : faiblement couplée à la convection tropicale profonde, donc peu influente sur la dynamique extratropicale directe. La dispersion apparaît de plus en plus nette après J+10, typique d’un signal affaibli et incertain à moyen terme. La MJO est faiblement active, mais sa trajectoire dans les phases 4–6 s’aligne avec des régimes favorables à la récurrence de blocages sur l’Atlantique Est. En résumé : la MJO n’agit pas comme un inhibiteur du blocage en cours, mais son influence reste secondaire ou passive dans la situation actuelle. Anomalies quotidiennes d’OLR (Outgoing Longwave Radiation) Analyse des anomalies convectives pour confirmer l’hypothèse de l’absence de forçage tropical notable. Zone équatoriale Atlantique / Afrique de l’Ouest (0–20°N, 30°W–20°E) : Anomalies positives modérées à fortes (+20 à +50 W/m²) soit moins de convection que la normale, signe d’inhibition convective. Donc il n’y a pas d'activité convective tropicale renforcée. Océan Indien & Maritime Continent : Anomalies mixtes, avec un signal convectif modéré près de 100–130°E (Borneo–Papouasie (+10 W/m²), cela correspond à la phase 4–5 de la MJO, mais amplitude modeste. Pacifique central (zones ENSO/MJO) : Pas d’anomalie organisée d’OLR associée à une onde de Kelvin ou à une Madden-Julian active. Dispersion des taches, pas de structure longitudinale cohérente soit pas d’onde équatoriale active identifiable. Atlantique tropical / Afrique de l’Ouest (0°–30°W) : Très peu de convection organisée (anomalies positives fréquentes), cette évolution colle avec les diagnostics précédents (OLR daily et MJO faible). Conclusion intermédiaire L’analyse OLR du 29 juin confirme l’absence de forçage tropical organisé, car il n’existe ni noyau de convection profonde persistante, ni organisation longitudinale typique d’ondes équatoriales. Ensuite la MJO est trop faible pour influencer efficacement les moyennes latitudes. Le régime bloquant sur l’Europe est donc entretenu de manière autonome par la dynamique subtropicale et extratropicale, sans perturbation d’origine tropicale. Complément 500 hPa Jeudi 10 juillet : Présence d’un thalweg sur Atlantique central, amorçant une ondulation vers l’Europe. Lundi 14 juillet : Net basculement vers un régime de blocage (BL⁺) :Dorsale solidement ancrée de la péninsule Ibérique vers les îles Britanniques, Isobarres 500 hPa >594 dam : très fortes hauteurs, favorables à la chaleur extrême. Dépression isolée sur Europe centrale : typique d’un flux déformé méridien en omega. Jet stream à 300 hPa 8 juillet : Jet dynamique et encore zonal sur Atlantique (150–190 km/h), Forte activité sur Europe de l’Ouest, avec orientation sud-ouest → nord-est, précurseur d’une ondulation en renforcement. 10 juillet : Décrochage du jet : creux profond sur Europe centrale et remontée sur l’Atlantique Est. Signal d’ondulation amplifiée, début de structure bloquante : consolidation de dorsale côté ouest, cyclogenèse de thalweg sur Europe de l’Est. Bilan de la dynamique d’altitude : Ces deux illustrations cartes confirment la transition effective vers une configuration de type BL⁺, en lien avec une dorsale chaude Atlantique-Europe et un affaiblissement du courant-jet sur la zone du blocage. Température de surface de la mer Méditerranée – situation au 29 juin 2025 Anomalies supérieures à +5 à +6°C sur de larges portions de la Méditerranée nord-occidentale, notamment entre Baléares, Provence, Ligurie et Adriatique nord. Les SST sont à plus de 28°C au large de la Corse Le Golfe du Lion, mer Tyrrhénienne et bassin central sont également bien au-dessus de la moyenne climatologique (1982–2011).Cette configuration fait de la Méditerranée un réservoir thermique majeur pour les semaines à venir. Implications Intensifier les vagues de chaleur sur le sud-est de la France, Accélérer la montée en température des basses couches. Et en cas de rupture du blocage (cf. fin juillet / début août), une mer aussi chaude va favoriser des contrastes thermiques marqués avec l’air d’altitude plus frais, Cela peut conduire ou déclencher des orages violents, voire des épisodes méditerranéens précoces si les forçages dynamiques deviennent favorables. Réflexions Le maintien d’un verrouillage synoptique durable — ici via un blocage de type BL⁺ entraîne un ensemble de mécanismes en cascade qui rendent l’atmosphère extrêmement sensible à tout relâchement du régime. Pré-conditionnement thermique et hydrique La subsidence prolongée, couplée à un ensoleillement excédentaire et un déficit de précipitations persistant, conduit à : - Un assèchement marqué de la couche superficielle du sol (réduction de l’évapotranspiration), - Une couche limite atmosphérique plus chaude, plus profonde et moins stable verticalement, - Une accumulation de chaleur sensible dans la basse troposphère. Donc ce contexte crée une instabilité latente, mécaniquement contenue par la subsidence anticyclonique, mais prête à s’exprimer dès que cette contrainte disparaît.Le fait d’avoir une circulation longtemps figée accroît le gradient d’énergie disponible, rendant l’atmosphère explosive à la transition. Ce verrouillage du flux pourrait aussi préparer une vulnérabilité extrême si une onde barocline ou tropicale venait à survenir ensuite. La dernière décade de juillet 2025 s’inscrit pleinement dans un régime bloquant de type BL⁺, chaud, sec, et peu évolutif, Le déficit pluviométrique persistant sur le bassin méditerranéen et les Açores est la conséquence directe de cette structure bloquante La persistance ou l’ancrage d’anomalies de températures aussi marquée au niveau des sst constitue un facteur aggravant potentiel, à la fois pour amplifier la sévérité thermique des vagues de chaleur, et la virulence des phénomènes convectifs ultérieurs, notamment en fin de mois ou début août en cas de transition dynamique. Approche croisée multimodéle ECMWF se distingue par une meilleure représentation de la stabilité du blocage subtropical, avec moindre spread. GEFS montre davantage de variabilité et de mobilité dans la circulation, indiquant une incertitude plus marquée après le 10 juillet. Séquençage expert des types de temps probables – France – juillet 2025 Bulletin climatique expert – Tendance juillet 2025 Séquençage expert des types de temps probables – France – juillet 2025 (avec intégration du facteur de surchauffe marine) Fin juin – 5 juillet : Blocage chaud continental en place (double jet) - Dorsale d’altitude ancrée sur l’Europe de l’Ouest, dans une configuration de double jet propice à la stagnation de l’air chaud. - Vent d’altitude ralenti, jet polaire repoussé vers le nord → flux de sud-ouest chaud, peu mobile. - Températures >35°C possibles localement. - Risque aggravé sur le pourtour méditerranéen, avec un début de surchauffe de surface marine déjà observée (>+3 à +4 °C). Région Type de temps Nuance régionale Sud-est & Corse Très chaud, sec, mistral possible Risque feux accru ; forte insolation ; mer très chaude augmentant la charge thermique Centre & Val de Loire Chaleur modérée à forte, stagnante Effet de dôme thermique ; nuits tropicales locales Atlantique Chaleur modérée, air plus tempéré Influence océanique partielle ; évaporation élevée Nord Chaud mais moins extrême Flux d’ouest résiduel ; nuits plus fraîches 6 – 13 juillet : Rotation ondulatoire lente – Réactivation atlantique timide - Hovmöller et jet stream montrent une onde de Rossby lente, sans effondrement du blocage. - Faible tentative de pénétration atlantique → ambiance plus variable sur le nord, mais toujours très stable au sud. - La Méditerranée devient un réservoir thermique actif, avec SST >+4 à +5°C favorisant une accumulation de chaleur dans les basses couches. Région Type de temps Nuance régionale Sud-est & Corse Toujours très sec, chaleur croissante Aucune déstabilisation prévue ; SST chaudes favorisent un échauffement des basses couches plus rapide Centre & Massif central Chaleur + premiers orages isolés Déclenchement thermique localisé en fin de journée sur reliefs Atlantique & sud Bretagne Passage d’altitude + humidité temporaire Averses orageuses résiduelles possibles sous influence du talweg Nord & Grand Est Orages possibles, contrastes thermiques Plus exposé à l’instabilité marginale liée à l’onde atlantique 14 – 21 juillet : Réactivation du blocage (BL⁺ consolidé) - Blocage thermique renforcé, dorsale bien ancrée à 500 hPa, anomalies >+10 dam. - Jet repoussé très au nord, effondrement de la convection atlantique. - Sur la Méditerranée occidentale, les SST excédentaires (+5 à +6°C) alimentent davantage l’air chaud advecté vers la France — amplification du dôme thermique .Signal de déficit marqué des précipitations (Açores, Espagne, France) et de températures excédentaires généralisées. On entre dans un type de temps caniculaire récurrent, avec effet de dôme thermique sur la moitié sud, aggravé par les sols secs. Région Type de temps Nuance régionale Sud-est & Corse Canicule sèche persistante Mer exceptionnellement chaude (>+5°C) : renforcement thermique et humidité latente accrue Centre, Limousin, Berry Chaleur extrême, peu de répit Nuits tropicales fréquentes ; effet de four urbain accru Atlantique Canicule continentale s'étendant Moins d’humidité, air plus continental ; pic thermique autour du 19–20 juillet Nord Chaleur plus modérée, mais durable Moins extrême mais sols en tension hydrique et risques sanitaires accrus 22 – 28 juillet : Persistance du blocage, vulnérabilité croissante Blocage toujours actif, anomalies 500 hPa toujours positives (même si légèrement décalées vers la Baltique). La France reste en bordure sud-ouest du dôme chaud, dans une situation propice à l’accumulation d’énergie. Pas de forçage tropical / MJO notable, donc stabilité conservée. Attention : à ce stade, une onde barocline ou un pulse tropical pourrait induire une transition brutale (orageuse) en fin de mois ou tout début août avec une mer méditerranée dépassant parfois les +6°C d’anomalie : potentiel explosif si instabilité réapparaît. Affaiblissement du signal chaud sur la façade ouest (0–30°E) vers le 1 er aout Région Type de temps Nuance régionale Sud-est & Corse Conditions critiques Très forte inertie thermique marine, hygrométries très basses, risque convectif majeur en cas de rupture Centre & Rhône–Saône Atmosphère surchauffée, instabilité latente CAPE élevée, sols secs, risque orageux latent si talweg entre Atlantique & Bretagne Encore chaud mais hausse de l’humidité Premiers signaux de réorganisation thermique, à surveiller Nord & Alsace Sécheresse persistante, convection marginale Conditions plus instables en toute fin de période Scénario plausible pour fin juillet – début août (à surveiller) Blocage toujours probable jusqu’à la dernière décade, mais une fenêtre de rupture possible entre le 28 juillet et le 3 août si une vague de Kelvin arrive sur le continent africain, le jet se réactive en sortie du Groenland / Labrador ou si nous avons un tropisme MJO vers phase 1–2 qui se confirme. Ce dernier scénario conduirait à un basculement vers un temps plus instable, orageux, voire à événements convectifs violents, en sortie de période sèche.